QUAND LA RÉALITÉ RATTRAPE LA FICTION... OU L'EFFET DEVASTATEUR DU SON.
1) Tintin, L’affaire Tournesol...
Dans ce tome 18, publié en 1956, le professeur Tournesol, un éminent scientifique, invente une machine capable de détruire certains matériaux comme la porcelaine ou le verre, à l’aide d’ultrasons qu’elle émet. Peu de temps après, le professeur Tournesol se fait enlever durant son voyage en Suisse par des agents secrets, il est finalement retenu prisonnier par le gouvernement des Bordures qui veut obtenir les plans de son invention et lui faire construire une machine encore plus performante afin de détruire des matériaux tels que l’acier ou le béton. On peut d’emblée desceller l’enjeu majeur de cette invention (…)
Le son pourrait-t-il alors devenir une arme de destruction massive ?
2) Des applications militaires
Les premières recherches militaires et scientifiques sur l’impact du son sur l’organisme remontent à la Seconde Guerre Mondiale.
C’est dans cette période de tension internationale que les USA, s’inquiétant de l’avancée de l’URSS dans le « lavage de cerveau » et de l’inventivité nazie dans celui de l’armement, que conjointement aux services secrets canadiens et britanniques, s’intéressèrent à des expérimentations sur les manipulations sensorielles et notamment auditives.
C’est partir des années 1960, que la recherche commence à se structurer ; la compréhension des phénomènes physiques liés à l’onde sonore se développant, la machine du professeur Tournesol semble désormais à tout à fait réalisable…
Les infrasons :
C’est le domaine des infrasons et des basses fréquences qui a d’abord intéressé chercheurs et militaires. Et pour cause : les fréquences infrasoniques sont susceptibles d’entrer en résonance avec les fréquences propres du corps humains.
La découverte du potentiel nocif des infrasons a été faite par hasard, par un acousticien français, le docteur Gavreau, qui officiait au Laboratoire d'électroacoustique de Marseille.
Dans les années 1960, Gavreau remarque que les chercheurs avec qui il travaille sont victimes de nausées et de maux de tête inexpliqués. Suite à de nombreuses recherches, il comprit la cause de ces symptômes : un ventilateur en tournant émettait une fréquence de 7Hz qui était amplifiée par le conduit d’aération ; cette amplification rendait la fréquence insupportable à l’homme. Plus tard, avec le financement de l’état français, il mit au point un « orgue à infrasons », capable de faire vibrer un bâtiment et de causer de sérieux dommages sur le corps provoquant spasmes intestinaux et pulmonaires. En cas d’exposition prolongée, cette machine pouvait s’avérer mortelle !
Gavreau poursuivra ensuite ses recherches, en construisant sifflets et orgues de fréquences et d'intensités variables.
La dangerosité des infrasons ne se limite pas à ses effets sur l’organisme; ils sont également capables de traverser les matériaux et peuvent voyager sur de longues distances sans trop perdre en intensité. Leur portée est donc redoutable.
Néanmoins, les infrasons sont moins utilisés que les ultrasons, car ils sont plus rares et plus difficiles à produire. En effet, les ondes infrasoniques sont longues, peu directionnelles, demandent beaucoup d'énergie pour avoir une certaine intensité et elles traversent les matériaux. Elles ne sont donc pour l'instant pas utilisées comme armes anti-personnel.
C’est la raison pour laquelle, nous allons nous concentrer sur les applications liées aux ultrasons.
Les Ultrasons :
Contrairement aux infrasons, les hautes fréquences et les ultrasons sont des ondes courtes, extrêmement directionnelles, qui ne traversent pas ou peu les matériaux, et qui, avec peu d’énergie, peuvent avoir une forte intensité. Ce sont ces propriétés qui ont motivé la création d’armes ultrasonores aussi appelées « canons soniques », « balles acoustiques », et « rayons sonores ».
Les hautes fréquences (2000 à 20 000 Hz) et les ultrasons (au-delà de 20 000 Hz) ont été utilisés, parmi d’autres armes non-létales, dès les années 1970 par l’armée américaine au Vietnam : aux côtés des cassettes diffusées par hélicoptère, les Opérations Psychologiques avaient mis au point le « Curdler » (« Le glaceur de sang ») ou « People Repeller » (« Le répulsif »), qui envoyait un sifflement extrêmement aigu à une très forte intensité.
Au même moment, la presse évoque l’usage en Grande Bretagne d’une « Squawk Box » littéralement « La boîte à cris » en Irlande du Nord pour disperser les émeutes : cette arme émettait deux hyperfréquences différentes [par exemple 17 000 Hz et 17 002 Hz], qui une fois mixées par l’oreille devenaient insupportables, et causaient des étourdissements, des nausées et des évanouissements, mais l’existence de cette arme reste douteuse.
En 2005, l’armée israélienne mettait en action le « Shriek » littéralement le « Cri perçant » contre des Palestiniens protestant contre le Mur, et envisageait son usage contre ses propres colons s’ils refusaient de quitter la bande de Gaza. L’aviation israélienne a d’ailleurs employé le son d’une autre manière, en jouant non plus sur ses propriétés acoustiques mais sur sa vitesse (environ 1200 km/h) : les jets passaient le mur du son à basse altitude, créant des explosions sonores extrêmement violentes. L’ONU a même demandé l’arrêt de ces attaques, qui visaient à paniquer les populations civiles.
Le LRAD (Long Range Acoustic Device), utilisé comme haut-parleur extrêmement puissant pour diffuser de la musique ou une voix au micro, peut également émettre une haute fréquence allant, selon les modèles, de 1 kHz (1000 Hz) à 2,5 kHz (2500 Hz). Il a d’abord été employé par les navires américains, pour entrer en contact avec d’autres embarcations, et éventuellement pour s’en défendre : quand le bateau étranger approche trop près, le LRAD est employé comme mégaphone, pour demander un éloignement – si le bateau étranger continue à s’approcher de la zone de sécurité définie, le LRAD est employé comme émetteur de hautes fréquences.
C’est ainsi qu’en 2005, le Seabourn Spirit, un navire de croisière, a usé d’un LRAD contre des pirates somaliens.
L’armée américaine l’a également employé en Irak, non seulement pour bombarder Falloujah de hard rock, mais, en mode hyperfréquences, comme arme pré-létale – le Sergent Major Herbert A. Friedman, engagé dans les PsyOps en Irak, indiquait ainsi :
« Le LRAD s’est montré efficace pour nettoyer les rues et les toits pendant les opérations de sécurisation et de recherche, pour diffuser des instructions, et pour déloger des tireurs ennemis embusqués, que nos propres tireurs ont ainsi pu éliminer. »
En clair, le LRAD étant insupportablement douloureux à l’oreille, les snipers irakiens lâchaient leurs armes pour se protéger les oreilles et tentaient de fuir la zone, et les GIs pouvaient les descendre.
2) Des applications militaires
Les premières recherches militaires et scientifiques sur l’impact du son sur l’organisme remontent à la Seconde Guerre Mondiale.
C’est dans cette période de tension internationale que les USA, s’inquiétant de l’avancée de l’URSS dans le « lavage de cerveau » et de l’inventivité nazie dans celui de l’armement, que conjointement aux services secrets canadiens et britanniques, s’intéressèrent à des expérimentations sur les manipulations sensorielles et notamment auditives.
C’est partir des années 1960, que la recherche commence à se structurer ; la compréhension des phénomènes physiques liés à l’onde sonore se développant, la machine du professeur Tournesol semble désormais à tout à fait réalisable…
Les infrasons :
C’est le domaine des infrasons et des basses fréquences qui a d’abord intéressé chercheurs et militaires. Et pour cause : les fréquences infrasoniques sont susceptibles d’entrer en résonance avec les fréquences propres du corps humains.
La découverte du potentiel nocif des infrasons a été faite par hasard, par un acousticien français, le docteur Gavreau, qui officiait au Laboratoire d'électroacoustique de Marseille.
Dans les années 1960, Gavreau remarque que les chercheurs avec qui il travaille sont victimes de nausées et de maux de tête inexpliqués. Suite à de nombreuses recherches, il comprit la cause de ces symptômes : un ventilateur en tournant émettait une fréquence de 7Hz qui était amplifiée par le conduit d’aération ; cette amplification rendait la fréquence insupportable à l’homme. Plus tard, avec le financement de l’état français, il mit au point un « orgue à infrasons », capable de faire vibrer un bâtiment et de causer de sérieux dommages sur le corps provoquant spasmes intestinaux et pulmonaires. En cas d’exposition prolongée, cette machine pouvait s’avérer mortelle !
Gavreau poursuivra ensuite ses recherches, en construisant sifflets et orgues de fréquences et d'intensités variables.
La dangerosité des infrasons ne se limite pas à ses effets sur l’organisme; ils sont également capables de traverser les matériaux et peuvent voyager sur de longues distances sans trop perdre en intensité. Leur portée est donc redoutable.
Néanmoins, les infrasons sont moins utilisés que les ultrasons, car ils sont plus rares et plus difficiles à produire. En effet, les ondes infrasoniques sont longues, peu directionnelles, demandent beaucoup d'énergie pour avoir une certaine intensité et elles traversent les matériaux. Elles ne sont donc pour l'instant pas utilisées comme armes anti-personnel.
C’est la raison pour laquelle, nous allons nous concentrer sur les applications liées aux ultrasons.
Les Ultrasons :
Contrairement aux infrasons, les hautes fréquences et les ultrasons sont des ondes courtes, extrêmement directionnelles, qui ne traversent pas ou peu les matériaux, et qui, avec peu d’énergie, peuvent avoir une forte intensité. Ce sont ces propriétés qui ont motivé la création d’armes ultrasonores aussi appelées « canons soniques », « balles acoustiques », et « rayons sonores ».
Les hautes fréquences (2000 à 20 000 Hz) et les ultrasons (au-delà de 20 000 Hz) ont été utilisés, parmi d’autres armes non-létales, dès les années 1970 par l’armée américaine au Vietnam : aux côtés des cassettes diffusées par hélicoptère, les Opérations Psychologiques avaient mis au point le « Curdler » (« Le glaceur de sang ») ou « People Repeller » (« Le répulsif »), qui envoyait un sifflement extrêmement aigu à une très forte intensité.
Au même moment, la presse évoque l’usage en Grande Bretagne d’une « Squawk Box » littéralement « La boîte à cris » en Irlande du Nord pour disperser les émeutes : cette arme émettait deux hyperfréquences différentes [par exemple 17 000 Hz et 17 002 Hz], qui une fois mixées par l’oreille devenaient insupportables, et causaient des étourdissements, des nausées et des évanouissements, mais l’existence de cette arme reste douteuse.
En 2005, l’armée israélienne mettait en action le « Shriek » littéralement le « Cri perçant » contre des Palestiniens protestant contre le Mur, et envisageait son usage contre ses propres colons s’ils refusaient de quitter la bande de Gaza. L’aviation israélienne a d’ailleurs employé le son d’une autre manière, en jouant non plus sur ses propriétés acoustiques mais sur sa vitesse (environ 1200 km/h) : les jets passaient le mur du son à basse altitude, créant des explosions sonores extrêmement violentes. L’ONU a même demandé l’arrêt de ces attaques, qui visaient à paniquer les populations civiles.
Le LRAD (Long Range Acoustic Device), utilisé comme haut-parleur extrêmement puissant pour diffuser de la musique ou une voix au micro, peut également émettre une haute fréquence allant, selon les modèles, de 1 kHz (1000 Hz) à 2,5 kHz (2500 Hz). Il a d’abord été employé par les navires américains, pour entrer en contact avec d’autres embarcations, et éventuellement pour s’en défendre : quand le bateau étranger approche trop près, le LRAD est employé comme mégaphone, pour demander un éloignement – si le bateau étranger continue à s’approcher de la zone de sécurité définie, le LRAD est employé comme émetteur de hautes fréquences.
C’est ainsi qu’en 2005, le Seabourn Spirit, un navire de croisière, a usé d’un LRAD contre des pirates somaliens.
L’armée américaine l’a également employé en Irak, non seulement pour bombarder Falloujah de hard rock, mais, en mode hyperfréquences, comme arme pré-létale – le Sergent Major Herbert A. Friedman, engagé dans les PsyOps en Irak, indiquait ainsi :
« Le LRAD s’est montré efficace pour nettoyer les rues et les toits pendant les opérations de sécurisation et de recherche, pour diffuser des instructions, et pour déloger des tireurs ennemis embusqués, que nos propres tireurs ont ainsi pu éliminer. »
En clair, le LRAD étant insupportablement douloureux à l’oreille, les snipers irakiens lâchaient leurs armes pour se protéger les oreilles et tentaient de fuir la zone, et les GIs pouvaient les descendre.
Des armes plus mobiles sont en développement, avec la création du Banshee II qui fonctionne selon le même principe que le LRAD mais il tient dans une main et est beaucoup moins cher.
Il y a aussi les grenades assourdissantes :
Elles sont utilisées pour entrer dans des enceintes où se trouvent des personnes armées qui peuvent tirer contre les civils qui se trouvent dans les parages ou les prendre en otage, ou encore faire usage de leurs armes contre des policiers qui montent à l’assaut.
Ces grenades sont légères, faciles à utiliser après avoir retiré l’anneau de sécurité et lancées en direction du lieu désiré pour exploser et provoquer l’effet voulu de façon efficace. Il y a des modèles de ces grenades munis d’un retardateur de deux, trois ou plus de secondes. Elles offrent plusieurs détonations très fortes (170 dB), qui affectent considérablement l’ouïe et neutralisent la capacité auditive durant un bref espace de temps, ainsi que plusieurs éclairs très vifs qui atteignent une intensité de 2’500’000 candelas et neutralisent la capacité de vision de l’adversaire.
L’effet combiné du bruit et de la lumière aveuglante est suffisant pour occasionner une paralysie de plusieurs secondes des opposants, temps suffisant pour permettre aux agents de réduire cette résistance et d’empêcher qu’ils fassent feu ou qu’ils activent un quelconque piège explosif préparé à l’avance.
Dans la triste actualité, ce sont aussi des grenades assourdissantes qui ont permis aux forces de l’ordre de mettre un terme à la prise d’otages dans un supermarché casher de Vincennes, le vendredi 9 janvier 2015.
Il existe également un objet « anti-ado », un petit boîtier muni d'un haut-parleur émettant des ultra-sons audibles uniquement par les adolescents : le Mosquito, inventé par un ingénieur gallois, Howard Stapleton. Elle émet un son puissant et désagréable dans une fréquence oscillant entre 17 000 et 18 000 hertz, donc inaudible pour l'oreille moins fine d'un adulte, et avec une puissance n'excédant pas 95 décibels.
Très prisée en Grande-Bretagne, "l'arme sonore" a été testée dans d'autres pays européens tel que les Pays-Bas et la Suisse.
Sur Internet ainsi qu'au sein du gouvernement français, l'appareil suscite une vive polémique.
Cette liste est non-exhaustive et d’autres armes ou objets de dispersion, de dissuasion, existent.
Il y a aussi les grenades assourdissantes :
Elles sont utilisées pour entrer dans des enceintes où se trouvent des personnes armées qui peuvent tirer contre les civils qui se trouvent dans les parages ou les prendre en otage, ou encore faire usage de leurs armes contre des policiers qui montent à l’assaut.
Ces grenades sont légères, faciles à utiliser après avoir retiré l’anneau de sécurité et lancées en direction du lieu désiré pour exploser et provoquer l’effet voulu de façon efficace. Il y a des modèles de ces grenades munis d’un retardateur de deux, trois ou plus de secondes. Elles offrent plusieurs détonations très fortes (170 dB), qui affectent considérablement l’ouïe et neutralisent la capacité auditive durant un bref espace de temps, ainsi que plusieurs éclairs très vifs qui atteignent une intensité de 2’500’000 candelas et neutralisent la capacité de vision de l’adversaire.
L’effet combiné du bruit et de la lumière aveuglante est suffisant pour occasionner une paralysie de plusieurs secondes des opposants, temps suffisant pour permettre aux agents de réduire cette résistance et d’empêcher qu’ils fassent feu ou qu’ils activent un quelconque piège explosif préparé à l’avance.
Dans la triste actualité, ce sont aussi des grenades assourdissantes qui ont permis aux forces de l’ordre de mettre un terme à la prise d’otages dans un supermarché casher de Vincennes, le vendredi 9 janvier 2015.
Il existe également un objet « anti-ado », un petit boîtier muni d'un haut-parleur émettant des ultra-sons audibles uniquement par les adolescents : le Mosquito, inventé par un ingénieur gallois, Howard Stapleton. Elle émet un son puissant et désagréable dans une fréquence oscillant entre 17 000 et 18 000 hertz, donc inaudible pour l'oreille moins fine d'un adulte, et avec une puissance n'excédant pas 95 décibels.
Très prisée en Grande-Bretagne, "l'arme sonore" a été testée dans d'autres pays européens tel que les Pays-Bas et la Suisse.
Sur Internet ainsi qu'au sein du gouvernement français, l'appareil suscite une vive polémique.
Cette liste est non-exhaustive et d’autres armes ou objets de dispersion, de dissuasion, existent.